Les héritiers réservataires

La loi offre une protection particulière à certains héritiers. Les enfants et le conjoint survivant héritent toujours automatiquement d'une part minimale d'héritage. C'est ce que nous appelons la "réserve héréditaire".

La réserve des enfants

Les enfants bénéficient toujours, ensemble, d’une réserve représentant la ½ de votre patrimoine , laquelle doit être partagée entre eux en fonction de leur nombre. Cela signifie qu’une personne peut toujours disposer de la moitié au moins de son patrimoine, quel que soit le nombre d’enfants qu’elle a.

La réserve du conjoint survivant

La réserve du conjoint survivant (à savoir la personne qui était mariée au défunt) est d'au moins l' usufruit de la 1/2 de la succession et sa réserve doit comprendre au moins l'usufruit de l'habitation familiale et des meubles qui le garnissent :

  • Si l'usufruit du logement familial (et des meubles qui le garnissent) est inférieur à la moitié de la succession, le conjoint survivant bénéficiera non seulement de l'usufruit sur le logement et les meubles, mais également d'un complément d'usufruit (sur d'autres biens de la succession) pour que son usufruit total atteigne la moitié de la succession ;
  • Si l'usufruit du logement familial (et des meubles qui le garnissent) est supérieur à l'usufruit de la moitié de la succession, la réserve du conjoint survivant se limitera à l'usufruit de ce logement familial (et aux meubles qui le garnissent). 
vader en kind

Pour info, le partenaire  cohabitant légal  a un droit sur la succession, mais aucune réserve : il hérite de l’usufruit de l’habitation familiale et des meubles qui la garnissent, mais ce droit est fragile, car il peut être limité ou supprimé par le biais d’un testament (ce qui n’aurait pas été le cas s’il avait eu droit à une réserve).

Le partenaire  cohabitant de fait , quant à lui, n’a aucune réserve et n’a aucun droit successoral : il n’hérite donc de rien (à moins de le prévoir par testament).

Vous pouvez déshériter totalement votre ex-conjoint, et donc, le priver de sa réserve, uniquement aux 3 conditions cumulatives suivantes :

  • vous viviez séparément depuis plus de 6 mois au jour du décès de votre ex-conjoint ;
  • avant votre décès, vous aviez sollicité en justice une résidence séparée et vous n'avez pas repris de vie commune depuis lors ;
  • vous avez rédigé un testament, dans lequel vous déshéritez votre conjoint.

De plus, si vous introduisez une procédure de divorce par consentement mutuel et que l’un d’entre vous décède pendant la procédure, on appliquera dans ce cas les règles successorales prévues dans les conventions préalables au divorce par consentement mutuel, lesquelles peuvent prévoir de maintenir ou de supprimer les droits successoraux des époux l'un envers l'autre pendant la durée de la procédure en divorce.

Et si la réserve n'est pas respectée ?

Si, par testament ou donation , le défunt n'a pas respecté les règles de la réserve, en tant qu’ héritier réservataire , vous pourrez réclamer votre quote-part de la succession à hauteur de leur réserve. Ce que le défunt a légué ou donné sera « réduit » à hauteur de la réserve que vous auriez dû recevoir. C’est ce que l’on appelle la «  réduction  ».

Comment demander la réduction et qui peut la demander ?

La demande de réduction des legs (ou des donations antérieures) n'est pas automatique. Elle doit être demandée. Seuls les héritiers réservataires peuvent le faire puisque c'est leur réserve qui est atteinte.

Comment s'effectue la réduction ?

Toute donation qui dépasse la quotité disponible et qui porte atteinte à la réserve doit être restituée.

Si la demande de réduction porte sur des donations antérieures, on réduira d'abord les dernières donations en date. Si cette demande porte sur des legs consentis par testament, tous les legs seront réduits proportionnellement. Par contre, si elle porte sur des donations antérieures et sur des legs, il faudra d'abord réduire les legs avant d'éventuellement devoir réduire les donations antérieures.