Achat scindé

L’achat scindé est une technique courante de planification successorale. En quoi consiste-t-elle ?

Plus d’un million de citoyens belges possèdent plusieurs biens immobiliers. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils possèdent tous une maison de vacances. En effet, 65% de ces multi-propriétaires destinent leur deuxième (ou troisième ou…) bien à la location. 

Prendre la décision d'investir dans un bien immobilier nécessite de peser le pour et le contre et, aussi, penser au futur. La moitié des acheteurs d’une résidence secondaire a plus de 55 ans. Un âge raisonnable pour penser à s’organiser pour que les héritiers ne doivent pas supporter des charges trop élevées au moment de la succession . Le bon réflexe, évidemment, est de consulter un notaire. Suivant les cas, il pourrait diriger le futur propriétaire vers un achat scindé. La nue-propriété et l’ usufruit sont donc séparés. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Réponse dans notre infofiche !

Infographie juridique détaillant l'achat scindé pour payer moins de droits de succession et planifier sa succession.

Qu’est-ce qu’un achat scindé ?

Lorsqu’on achète un bien immobilier, on le fait généralement en pleine propriété : vous possédez tout le bien, vous pouvez le vendre ou le louer à votre guise. Mais il existe une alternative : l’achat scindé.

???? Principe :

  • Les parents achètent l’usufruit : ils peuvent alors occuper le bien ou le mettre en location et en percevoir les loyers.
  • Les enfants achètent la nue-propriété : ils sont copropriétaires du bien, mais ne pourront occuper ou louer le bien qu’à l’extinction de l’usufruit. 

Au décès des parents, l’usufruit s’éteint automatiquement et les enfants deviennent pleins propriétaires, sans payer de droits de succession sur le bien (si toutes les conditions sont respectées).
 

Pourquoi opter pour un achat scindé ?

  • Éviter (ou réduire) les droits de succession : en cas d’achat scindé correctement structuré, les enfants ne paient aucun droit de succession sur le bien lorsque les parents décèdent.
  • Maintenir le contrôle : les parents conservent la jouissance du bien : ils peuvent y habiter, le louer et percevoir les revenus. Les enfants ne peuvent ni vendre ni occuper le bien sans leur accord.
  • Préparer la transmission en douceur : cette technique permet de préparer la succession tout en assurant la sécurité des parents.

Les points d’attention (et les pièges à éviter)

❗ L’accord des deux parties

Le bien ne peut être vendu qu’avec l’accord des parents et des enfants. Si les relations familiales sont tendues, cette formule peut devenir compliquée.

❗ Les réparations

  • Parents (usufruitiers) : entretien courant (peinture, toiture, chaudière).
  • Enfants (nus-propriétaires) : gros travaux (rénovation du toit, chauffage, électricité).

Cela peut parfois créer des tensions, surtout si des rénovations importantes sont envisagées.

❗ Le financement de la nue-propriété

Les enfants doivent payer leur part avec leurs propres fonds. S’ils ne disposent pas de liquidités, les parents peuvent leur faire une donation préalable, mais selon des règles strictes pour éviter tout problème fiscal.

Une mère et son fils souriant

Comment éviter les soucis avec l'administration fiscale ?

L’administration fiscale considère qu’un achat scindé cache parfois une donation déguisée. Pour éviter tout redressement, il faut :

  • Prouver que chaque partie a payé sa part réelle (selon la valeur légale de l’usufruit et de la nue-propriété).
  • Bien respecter le timing de la donation : à Bruxelles et en Wallonie : avant la signature du compromis.
  • Conserver toutes les preuves (virements, pactes adjoints, actes notariés).

Bon à savoir : la valeur de l’usufruit et de la nue-propriété dépend de l’âge des parents (plus ils sont âgés, moins l’usufruit vaut cher). Les tables officielles du Code civil servent souvent de référence.

Exemple : Jean et Sophie (60 ans) achètent un appartement avec leur fils Tom (30 ans).

  • Prix : 400 000 €
  • Répartition selon les tables :
    • Usufruit (parents) : 46,41 % = 185 640 €
    • Nue-propriété (fils) : 53,59 % = 214 360 €
  • Les parents paient leur part.
  • Tom finance la sienne avec ses économies ou grâce à une donation préalable.
  • Au décès des parents, Tom devient plein propriétaire sans payer de droits de succession.

En résumé : bonne idée ou pas ?

  • Fiscalement, cela peut rendre un investissement immobilier plus avantageux.
  • Les parents conservent la main sur le bien.
  • Mais cela suppose confiance, anticipation et une bonne documentation.

Un achat scindé mal préparé peut coûter cher en droits de succession et créer des conflits familiaux.

???? Vous voulez savoir si l’achat scindé est adapté à votre situation ? Un rendez-vous avec votre notaire est la meilleure première étape.