Donation à un enfant : quel impact sur la succession ?

Donation et succession : deux notions étroitement liées

Préserver l'égalité entre les héritiers : le rapport

Lorsqu’un parent souhaite faire une donation à l’un de ses enfants, il est essentiel de comprendre comment celle-ci influencera la répartition de l’héritage futur. En principe, le législateur considère que les parents ne souhaitent pas avantager un enfant au détriment des autres. C’est pourquoi toute donation faite à un enfant est présumée être « en avancement d’hoirie », c’est-à-dire une avance sur la part d’héritage qui lui reviendra.

Comment cela fonctionne ?

Au décès du parent donateur , l’enfant bénéficiaire devra rapporter à la succession la valeur du don reçu. Ce mécanisme, appelé rapport des donations, permet de garantir l’égalité entre les héritiers : on tient compte des sommes déjà perçues afin de déterminer ce que chacun doit encore recevoir.

En pratique, tout est recalculé comme si la donation n’avait pas eu lieu :

  • On ajoute la valeur de la donation à la masse successorale.
  • On partage ensuite cette masse entre les héritiers, en imputant à chacun ce qu’il a déjà reçu.

Exemple concret

Un père de famille a deux enfants et laisse une succession de 50 000 €. De son vivant, il a donné 50 000 € à son fils aîné. Pour assurer l’égalité :

  • On considère que la succession s’élève à 100 000 € (50 000 € déjà donnés + 50 000 € restants).
  • Chaque enfant a droit à 50 000 €.
  • Le fils aîné ayant déjà reçu 50 000 €, il ne percevra rien au décès, tandis que le second enfant recevra la totalité de la succession restante.
  • Ainsi, chacun aura perçu 50 000 €, soit avant le décès, soit au moment du partage.

Un avantage supplémentaire pour un enfant : est-ce possible ?

Il arrive qu’un défunt souhaite avantager l’un de ses héritiers. Dans ce cas, il peut prévoir que le bénéficiaire ne sera pas tenu de rapporter à la succession le bien qui lui a été donné. On parle alors de dispense de rapport .

⚠️ Toutefois, cette dispense a une limite importante : elle ne peut pas priver les autres héritiers de leur part réservataire, c’est-à-dire la portion minimale de l’héritage qui leur est garantie par la loi.

La dispense de rapport traduit la volonté explicite du défunt de rompre l’égalité entre ses héritiers. Elle doit donc être formellement prévue au moment de la donation.

Une donation trop importante : la réduction

Lorsqu’un parent décide de dépasser la quotité disponible et de ne pas respecter la part réservataire d’un enfant, ce dernier peut contester la donation ou le legs qui le désavantage. Pour cela, il introduit une demande de réduction , qui vise à rétablir son droit à sa réserve , c’est-à-dire sa part minimale d’héritage.

Il est important de noter que :

  • La demande de réduction n’est pas automatique : l’enfant peut choisir de ne pas agir et d’accepter la situation.
  • Cette action est réservée aux héritiers réservataires (enfants, conjoint survivant) et ne peut pas être exercée par les créanciers du défunt ni par les autres légataires.