Faillite
Outre la dissolution volontaire ou judiciaire de l'entreprise, il arrive parfois qu'une entreprise fasse faillite. Un entrepreneur qui ne paye plus ses dettes de manière durable et, en outre, ne reçoit plus de crédit ni de paiement différé, est en état de "faillite".

Quelles sont les conditions pour pouvoir être déclaré en faillite ?
Pour pouvoir être déclaré en faillite, trois conditions cumulatives sont nécessaires :
- être une entreprise (toute personne physique qui exerce à titre indépendant une activité professionnelle, toute
personne morale
Une personne morale est une entité, généralement un groupement de personnes physiques ou morales, le plus souvent doté de la personnalité juridique, comme une personne physique (un être humain) et qui souhaitent accomplir quelque chose en commun.
, toute autre organisation sans personnalité juridique La personnalité juridique donne à la personne morale un nom, une nationalité, un patrimoine, des dettes propres (indépendants du patrimoine et des dettes des associés) et un domicile. Il n'est pas possible de voir une société physiquement. Elle a une existence « fictive » qui lui permet d'avoir une personnalité juridique.
Cela signifie qu'elle constitue une entité propre, avec une personnalité différente de celle des associés.
La personnalité juridique permet notamment d'agir en justice au nom de l'association et d'acquérir des biens meubles ou immeubles.
) - être en cessation persistante de paiement
- être en ébranlement de crédit, ce qui signifie que l'
entrepreneur
Celui qui construit, rénove, réhabilite, modifie ou détruit pour compte du maître de l'ouvrage, en contrepartie d'un prix convenu. Un entrepreneur doit respecter des obligations légales, notamment en matière d'agréation, d'enregistrement, ou de cautionnement
a perdu la confiance des créanciers ; ceux-ci ne lui octroient plus de crédit ni de délai de paiement (les créanciers ne se satisfont pas des dividendes proposés par le liquidateur pour couvrir l’intégralité du passif)
Une société dissoute peut être déclarée en faillite jusqu’à 6 mois après la clôture de la liquidation.
Qui a l'initiative de la faillite ?
La procédure en faillite peut être initiée par :
- le
débiteur
Le débiteur est une personne qui doit quelque chose (souvent de l’argent) à une autre personne appelée le « créancier ».
(dans le cas d'une société : le conseil d'administration ou le gérant Le gérant est une personne qui prend en charge la gestion d’une société, dans une société simple. ) ; - ses créanciers ;
- le Ministère public ;
- le cas échéant, l' administrateur Personne qui prend en charge l’administration d’une société. La fonction d’administrateur est très souvent collégiale et partagée par l’ensemble des membres de l’organe d’administration de la société. Nous parlons d’administrateurs dans les SA, SRL et SC (contrairement à la société simple où nous parlons de gérants). provisoire désigné préalablement par le tribunal pour gérer certaines activités.
Il existe néanmoins une obligation Titre représentatif d’une dette de la société (leurs propriétaires sont de simples créanciers). dans le chef du débiteur de faire en principe aveu de faillite dans le mois de la cessation de ses paiements.
Que se passe-t-il une fois que vous êtes en faillite ? Les effets de la faillite
La déclaration de faillite est prononcée par un jugement du tribunal de l'insolvabilité. Vous recevez la visite du curateur. Un curateur est un mandataire judiciaire qui agit en tant que représentant des créanciers solidaires et du failli et qui est chargé de la liquidation des biens sous la supervision du juge-commissaire.
La faillite entraine notamment les effets suivants :
- Le dessaisissement : le failli ne peut plus gérer ses biens ; il ne peut donc plus procéder à aucun paiement, ni en recevoir. Il conserve néanmoins la propriété de ses biens. Afin de favoriser la seconde chance dans le chef du failli, la masse de la faillite est limitée aux biens du failli au jour du jugement déclaratif de la faillite (autrement dit, les biens acquis avant l'ouverture de la faillite). Tout ce qu'il pourra acquérir après cette date, que ce soit des salaires, des honoraires, des dons ou le produit de successions, ne tombera plus dans les mains du curateur.
- La situation de concours : la faillite a pour effet de cristalliser le passif pour préserver l'égalité des créanciers, sous
réserve
Part du patrimoine dont on ne peut disposer librement par donation ou testament et revenant aux héritiers légaux (conjoint survivant et descendants par exemple).
des causes de préférence. - La suspension des mesures individuelles d'exécution dans le chef des créanciers : toute poursuite à l'encontre du failli est suspendue (sauf exceptions).
Attention au fait que le curateur pourra saisir certains actifs (voiture, mobilier, objets de la famille). Pensez dès lors à certains accords que vous pourriez conclure avec votre entourage. Peut-être que les gens de votre entourage voudront acheter certains biens afin que vous puissiez continuer à les utiliser ? Faites des accords avec le curateur. Peut-être pourriez-vous acheter certains biens vous-même et les payer de façon échelonnée ? Ne laissez pas vos biens disparaître. Cela peut jouer fortement contre vous à la fin du parcours.
Vous pouvez démarrer une nouvelle entreprise après le jugement de faillite. Cependant, la poursuite d'une activité en faillite n'est pas autorisée. Vous devrez trouver de nouveaux clients, un nouveau nom et de nouveaux produits.
Passerelle entre la faillite et la réorganisation judiciaire
Si une
requête
Une requête est une demande écrite adressée au juge sans mise en cause d'un adversaire, dans le cas où la situation à régler est urgente et où le contexte de l'affaire ne nécessite pas que s'instaure un débat contradictoire. La requête est parfois conjointe, lorsque les deux parties saisissent un tribunal d'un commun accord.
en faillite est déposée, le tribunal peut suspendre sa décision pendant un délai de 15 jours pendant lequel le débiteur ou tout tiers visé par la loi (créancier, procureur du roi) peut introduire une demande en réorganisation judiciaire.
Effacement de la dette
Le curateur a tout vendu, mais il reste des dettes. Êtes-vous lié à vie par ces dettes ? Pas nécessairement. Vous pouvez demander un « effacement » de vos dettes. Vous serez alors libéré de vos dettes envers les créanciers et tenu pour réhabilité.
Quelles sont les conditions pour bénéficier d’un effacement ?
- vous devez avoir été déclaré en faillite en tant que personne physique (une société ou une association ne peut bénéficier d’un effacement) ;
- vous devez demander l'annulation de la dette auprès du tribunal de l’entreprise ;
- le tribunal doit autoriser l'effacement ;
- le tribunal ne reçoit pas de réclamation d'une partie intéressée ou le tribunal doit rejeter la réclamation ;
- vous ne devez pas avoir commis de faute grave et caractérisée. Exemples : faux en écriture, faire disparaître des biens, négligence à long terme de la comptabilité ;
- l’effacement est sans effet sur les dettes alimentaires du failli (résultant d’obligations alimentaires telles que pension/ contribution alimentaire Obligation des parents de couvrir les frais d’entretien et d’éducation de leur enfant pour qu’il ait tout ce dont il a besoin pour vivre. À ne pas confondre avec la pension alimentaire qui peut être due à l’ex-époux disposant de moins de ressources. ), et celles qui résultent de l’obligation de réparer un dommage lié à un décès ou à l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne qu’il a causé par sa faute.
Cet effacement s'étend, le cas échéant, au conjoint du failli. Le
cohabitant légal
Les cohabitants légaux sont les personnes qui, sans être mariées, ont fait constater leur volonté de vivre ensemble par le biais d’une déclaration écrite, remise à l’officier de l’état-civil de la commune dans laquelle le domicile retenu est situé. Du point de vue du droit fiscal des successions, les cohabitants légaux sont assimilées aux époux. Plus d'infos
peut également en bénéficier mais dans certaines limites et pour autant que la déclaration de cohabitation légale a été faite dans les six mois précédent l'ouverture de la procédure de faillite.
Sous quel délai peut-on demander un effacement ?
L'effacement peut être octroyé par le tribunal, à la requête du failli :
- soit lors de son aveu de faillite ;
- soit au plus tard dans les trois mois de la publication du jugement en faillite.
Le tribunal peut également se prononcer sur l'effacement avant la clôture de la faillite, à la demande expresse du failli.
Afin de protéger aussi les créanciers, ceux-ci ont trois mois pour faire opposition à compter de la publication du jugement de remise de dettes. Il reviendra alors au juge de confirmer ou non la remise de dettes.
Attention, comme précisé, la procédure de l'effacement ne s'applique qu’aux personnes physiques. Les sociétés ne peuvent en bénéficier.
Vous voulez en savoir plus sur les formalités et les règles applicables si votre entreprise a des difficultés ? Vous trouverez de nombreuses informations et modèles de documents sur www.beci.be (Bruxelles), www.dyzo.be (Flandre) ou www.1890.be (Wallonie).
Un nouveau départ après la faillite
Une faillite ne doit pas nécessairement représenter la fin de vos activités en tant qu’indépendant. Il est possible d'obtenir l’annulation totale ou partielle de leurs dettes résiduelles. C’est ce qu’on appelle l’effacement. Il s’agit des dettes qui subsistent après que le curateur ait vendu leurs biens et qu’il ait utilisé le produit de la vente pour rembourser les créanciers autant que possible.
L’annulation des dettes devra toutefois être demandée dans les 3 mois qui suivent la publication du jugement de faillite. Il ne faut pas nécessairement attendre le règlement de la faillite. Par ailleurs, le tribunal est tenu d’accorder l’annulation. Seuls les créanciers, le curateur et le ministère public pourront encore se mettre en travers du chemin. Toutefois, dans ce cas, ils devront prouver que vous avez commis une erreur grave qui a en outre conduit à la faillite.
Les curateurs ne pourront pas non plus saisir le salaire que vous gagnerez après que la faillite a été prononcée, ni d’autres revenus que vous percevrez après la faillite, par exemple un héritage.
