Mon fils est malade. Il a divorcé depuis quelques années. Il est propriétaire d'une maison. Son héritière directe est notre petite-fille, mineure. Si mon fils décède, notre ex-belle fille a-t-elle le droit d'habiter dans la maison ?
La loi ne prévoit rien pour les ex-conjoints en matière de
succession
Transmission du patrimoine d'une personne défunte ou masse du patrimoine ainsi transmis.
. Par conséquent, l’ex-femme de votre fils n’héritera de rien (sauf si celui-ci a maintenu un avantage à son égard par le biais d’un
testament
Un testament est un écrit qui reprend les dernières volontés d’une personne. Le testateur (=l’auteur du testament) y précise comment et à qui ses biens reviendront après son décès. Il y a trois formes de testaments : olographe, authentique et international. Chaque forme de testament présente des avantages et des inconvénients.
). Par conséquent,votre petite-fille héritera seule de votre fils. Mais comme elle est mineure et donc incapable, sa mère (votre ex-belle fille) exerce encore l’
autorité parentale
Ensemble des droits et devoirs que les parents exercent vis-à-vis de leurs enfants, pour les protéger eux et leurs biens, et qui porte à la fois sur leur personne et sur l’administration de leurs biens : hébergement des enfants, surveillance, éducation, choix de l'école, décisions relatives à leur santé, orientation scolaire, orientation philosophique, morale ou religieuse, placement de l'argent ou d’un immeuble hérité par l’enfant d’un grand-parent, etc. Ces décisions doivent toujours être prises dans l'intérêt de l'enfant. L'autorité parentale est en principe exercée par les deux parents ensemble, et ce quel que soit celui qui en a l'hébergement.
.
L’autorité parentale comprend un ensemble de compétences très différentes que le parent peut faire valoir à l’égard de son enfant mineur. Un attribut important, c’est le droit (et l’ obligation Titre représentatif d’une dette de la société (leurs propriétaires sont de simples créanciers). ) de gérer les biens de l’enfant mineur :
Le droit de gestion consiste dans le fait que le parent peut accomplir tous les actes en relation avec le
patrimoine
Le patrimoine est l’ensemble des biens qui appartiennent à une personne physique ou morale.
, tels que les actes de conservation, percevoir les revenus et recouvrer les dettes dues, louer les biens immobiliers pour une durée ne dépassant pas 9 ans, etc. La gestion doit toujours avoir pour but le maintien et le rendement du patrimoine du mineur.
En ce qui concerne les capitaux (quelque soit leur origine), le parent doit rendre des comptes après l’exercice de l’autorité parentale. Si le parent a subtilisé des biens ou des sommes revenant au mineur, sans avoir remis un avantage équivalent, il est alors obligé de rembourser son enfant devenu majeur.
Le parent qui exerce l’autorité parentale a également la
jouissance
La jouissance est le droit de pouvoir utiliser une chose, d’en profiter. Dans le cadre de la vente d’un immeuble et à compter de la signature de l’acte, l’acheteur peut utiliser le bien acheté. Par exemple, il peut y habiter personnellement ou le louer. Si le bien est loué, l’acquéreur en aura la jouissance par la perception des loyers (avec décompte pour le mois en cours à la signature de l’acte authentique, si applicable).
des biens de l’enfant. Cela signifie qu’il peut bénéficier des fruits de ceux-ci. Avec les revenus de ces biens, le parent doit avant tout répondre à son obligation d’entretien et d’éducation de l’enfant.
Comme titulaire du droit de jouissance, le parent survivant exerce la gestion en son propre nom et pour son propre compte. Les revenus des biens du mineur reviendront donc au parent en vertu de ce droit de jouissance. Répondre de la gestion des revenus n’est pas nécessaire à la fin de l’autorité parentale. En règle générale, le droit de jouissance porte sur tous les biens du mineur, et donc également sur les biens lui revenant d’un héritage. Le droit de jouissance dure aussi longtemps que s’exerce l’autorité parentale, donc jusqu’à l’âge de 18 ans.
Le droit de jouissance équivaut à une sorte d’
usufruit
L'usufruit est un droit, démembré du droit de propriété, d'utiliser et de percevoir les fruits du bien sur lequel il repose. En d'autres termes, l'usufruitier a un droit sur le produit de quelque chose dont quelqu'un d'autre est propriétaire (ce dernier est appelé le "nu-propriétaire").
On peut comparer l'usufruit à un pommier : l'arbre lui-même appartient au nu-propriétaire, mais l'usufruitier peut cueillir les pommes sur l'arbre sa vie durant.
L'usufruitier ne peut pas jamais aliéner le bien (le vendre ou le donner).
Si l'usufruit porte sur un immeuble, l'usufruitier peut continuer à occuper le bien. Il peut aussi le louer et en percevoir les loyers,
Si l'usufruit porte sur un meuble (une voiture par exemple), il peut continuer à l'utiliser sa vie durant.
Si l'usufruit porte sur de l'argent ou des comptes, il peut en percevoir les intérêts (le capital, quant à lui, reste la propriété du nu-propriétaire).
L'usufruitier a par ailleurs des devoirs : il doit maintenir la propriété en état (les frais d'entretien sont à sa charge, le nu-propriétaire, quant à lui, doit seulement se charger des grosses réparations).
. Par conséquent, votre ex-belle fille a le droit d’habiter dans l’habitation, propriété de l’enfant mineur suite au décès de votre fils (elle a également le droit de louer cette habitation pour une durée maximale de 9 ans).
Si votre fils veut éviter cela, il peut le prévoir expressément dans un testament. Il indiquera que son ex-femme ne disposera pas d’un droit de jouissance sur l’habitation. L’article 387 du Code civil le permet explicitement. Dans la pratique, cela se fait parfois lorsqu’il existe une méfiance fondée concernant la gestion financière par le parent de l’enfant mineur. Votre fils peut, également par testament, octroyer temporairement (par exemple, jusqu’à la majorité de sa fille) l’usufruit sur sa maison à une
personne de confiance
Dans le cadre d’une mesure d'administration de biens et/ou de la personne, la personne de confiance vous assiste et joue un rôle d’intermédiaire entre vous et votre administrateur. Elle informe l’administrateur de vos souhaits et peut contrôler le travail de ce dernier (si elle a l’impression que l’administrateur ne remplit pas correctement sa mission, elle peut en avertir le juge de paix). Si vous ne désignez pas une personne de confiance via une déclaration de préférence, le juge de paix peut en désigner une s’il l’estime opportun. Il consultera alors votre entourage.
Attention, cette définition et ces missions peuvent varier en fonction du contexte (ex : la loi sur les droits du patient, la loi sur l'euthanasie, la loi sur la protection des malades mentaux).
. L’enfant mineur dispose de la
nue-propriété
Propriété d’un bien sur lequel une autre personne a un droit d’usufruit. Le nu-propriétaire ne peut utiliser ni jouir de ce bien. La nue-propriété est le droit donnant au nu-propriétaire la faculté de disposer d’une chose mobilière ou immobilière (il peut la vendre, la donner, la léguer) alors que l’usufruitier dispose seulement du droit d’en avoir l’usage.
sur la maison, après la mort de votre fils, ce jusqu’à ce qu’elle soit majeure et l’ex-femme ne peut exercer aucun droit de jouissance. Pour des raisons fiscales (pour éviter des
droits de succession
Sommes perçues par le Trésor à l'occasion d'un décès et calculés sur l'actif net du défunt, lequel s'obtient comme suit : actif brut moins le passif.
• Actif brut : ensemble des valeurs (titres, espèces, obligations,
immeubles, …).
• Passif : ensemble des dettes (emprunts hypothécaires et
personnels, loyers impayés, frais d'enterrement,
etc.).
au tarif le plus élevé), il est préférable de désigner, comme personne de confiance, une personne en
ligne directe
La parenté en ligne directe est celle qui existe entre ascendants et descendants.
Ligne directe ascendante : parents, grands-parents, arrière grands-parents.
Ligne directe descendante : enfants, petits-enfants, arrière-petites enfants.
(par exemple un grand parent).
Le parent ne peut pas acheter les biens du mineur, sauf après avoir obtenu une autorisation préalable du Juge de paix. Ceci peut aussi être interdit via un testament. Il est possible d’y insérer une
clause
Une clause est une phrase ou un ensemble de phrases contenues dans le texte d'un acte juridique où sont définis les droits et les obligations des personnes concernées par cet acte.
qui prévoit une indisponibilité temporaire des biens hérités (par exemple jusqu’à la majorité de l’enfant).